En Afrique, et plus particulièrement dans certains pays aux alentours du golfe de Guinée comme le Togo, le droit à la manifestation est souvent méconnu des Togolais. Aujourd’hui, le droit de manifester est théoriquement garanti par la Constitution de 1992, mais il fait l’objet de restrictions importantes dans la pratique. Nous allons voir tout cela dans cet article.

Le droit de manifester et ce qu’en dit la loi

La Constitution togolaise garantit la liberté de réunion et d’association, mais ces droits sont encadrés par des conditions strictes. Les manifestations doivent généralement être déclarées à l’avance auprès des autorités préfectorales ou du ministère de l’Administration territoriale.

À cet effet, l’article 30 de la Constitution déclare les éléments suivants : “L’État reconnaît et garantit dans les conditions fixées par la loi, l’exercice des libertés d’association, de réunion et de manifestation pacifique et sans instruments de violence.”

La réalité sur le terrain

Dans la pratique, les autorités togolaises appliquent souvent ces règles de manière restrictive :

  • Les manifestants risquent des arrestations, même lors de rassemblements pacifiques (et qui sont donc normalement autorisées)
  • Les demandes d’autorisation pour des manifestations de l’opposition sont fréquemment refusées ou ignorées

Les manifestations sont officiellement interdites au Togo depuis 2022, suite à une attaque meurtrière au grand marché de Lomé qui a causé la mort d’un gendarme. Cette interdiction générale, justifiée par des considérations sécuritaires, s’est progressivement étendue à la plupart des rassemblements d’opposition.

Les événements de juin 2025 illustrent parfaitement cette répression. Lors des manifestations des 5 et 6 juin à Lomé, au moins 81 manifestants – dont certains défenseurs des droits humains et un mineur – ont été arbitrairement arrêtés par les forces de l’ordre. Un fort dispositif policier quadrillait plusieurs quartiers de la capitale togolaise après la dispersion de plusieurs groupes de manifestants contre le pouvoir.

Procédures d’autorisation détournées

Même lorsque l’opposition tente de respecter les procédures légales, les autorités trouvent des prétextes pour interdire les manifestations :

  • En avril 2024, le gouvernement a interdit une manifestation contre les changements constitutionnels, prétextant que les organisateurs avaient échoué à obtenir l’autorisation à temps.
  • En janvier 2024, le ministre de l’Administration territoriale a refusé une marche de l’opposition en invoquant des raisons “sécuritaires” et l’interdiction générale depuis l’attaque de 2022.

Répression numérique

La répression s’étend désormais aux réseaux sociaux : le gouvernement menace de poursuites aggravées les auteurs de messages appelant au “soulèvement populaire”, présentant l’utilisation des réseaux sociaux pour appeler à manifester comme une infraction pouvant valoir une peine de prison.

Arrestations d’opposants et d’artistes

La répression vise aussi les voix critiques : l’arrestation fin mai du rappeur Aamron, critique du pouvoir, avait été l’un des déclencheurs des manifestations de juin 2025. Plusieurs activistes restent détenus ou sous pression, comme Affectio, poète emprisonné depuis janvier après avoir publié un texte critique sur les réseaux sociaux.

Zones interdites étendues

Les restrictions géographiques sont particulièrement larges : certaines zones sont formellement interdites aux manifestations : les routes nationales, les zones économiques stratégiques, les abords des institutions de la République, les chancelleries, camps militaires et bâtiments des forces de sécurité.

Procédures d’autorisation détournées

Même lorsque l’opposition tente de respecter les procédures légales, les autorités trouvent des prétextes pour interdire les manifestations :

  • En avril 2024, le gouvernement a interdit une manifestation contre les changements constitutionnels, prétextant que les organisateurs avaient échoué à obtenir l’autorisation à temps.
  • En janvier 2024, le ministre de l’Administration territoriale a refusé une marche de l’opposition en invoquant des raisons “sécuritaires” et l’interdiction générale depuis l’attaque de 2022.

Répression numérique

La répression s’étend désormais aux réseaux sociaux : le gouvernement menace de poursuites aggravées les auteurs de messages appelant au “soulèvement populaire”, présentant l’utilisation des réseaux sociaux pour appeler à manifester comme une infraction pouvant valoir une peine de prison.

L’histoire des manifestations au Togo au cours des dernières années

Le Togo a connu plusieurs vagues de manifestations importantes, notamment entre 2017 et 2020, où l’opposition réclamait des réformes constitutionnelles. Ces mouvements ont souvent été réprimés, avec des arrestations et parfois des violences.

Le gouvernement justifie généralement ces restrictions par des considérations d’ordre public et de sécurité, mais les organisations de défense des droits humains critiquent régulièrement ces limitations à la liberté d’expression et de rassemblement.

Les rassemblements non autorisés sont souvent dispersés par les forces de sécurité.

Entre restrictions légales et devoir civique : le dilemme de la diaspora togolaise face aux appels à la manifestation

D’un point de vue strictement légal, la diaspora togolaise ne peut pas légalement inciter les citoyens au Togo à manifester sans s’exposer à des poursuites judiciaires. La législation togolaise considère de tels appels, même lancés depuis l’étranger, comme des actes potentiels de déstabilisation ou d’incitation au trouble de l’ordre public, passibles de sanctions pénales. Les autorités togolaises ont d’ailleurs déjà engagé des procédures contre des membres de la diaspora pour ce type d’activités, invoquant la protection de la sécurité nationale.

Cependant, au-delà du cadre légal restrictif, de nombreux observateurs et membres de la diaspora togolaise considèrent qu’ils ont un devoir moral et civique d’encourager leurs compatriotes à exercer leurs droits démocratiques fondamentaux. Ils argumentent que la diaspora, bénéficiant souvent de libertés d’expression plus étendues dans leurs pays de résidence, a la responsabilité d’être la voix de ceux qui ne peuvent s’exprimer librement au Togo. Cette perspective s’appuie sur le principe que les droits humains universels transcendent les frontières nationales et que l’engagement citoyen ne s’arrête pas aux limites géographiques. Pour eux, soutenir et encourager les mouvements démocratiques au Togo relève d’un devoir de solidarité envers leurs compatriotes restés au pays, même si cela implique de défier les restrictions légales imposées par le régime en place.

Chaque citoyen togolais a le droit fondamental et universel d’exprimer ses opinions, de participer démocratiquement à la vie politique de son pays et de manifester son mécontentement, dans le respect des lois et par des moyens pacifiques. 🇹🇬

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